mercredi 2 novembre 2016

Paquets cadeaux créatifs de Ghyleen Descamps

Vous sentez Noël qui approche ? Les rues se parent déjà de leurs installations lumineuses, les vitrines de magasins se remplissent de décorations de Noël et d'idées cadeaux, et si vous suivez un peu les magazines dits de loisirs créatifs, ils fourmillent de DIY et tutos pour décorer votre maison et fabriquer vous-mêmes des cadeaux pour vos proches. J'avoue que je suis un peu tombée en plein dedans et que je fonds devant toutes ces idées créatives que j'aimerais bien avoir le temps de faire ! Alors quand j'ai vu qu'avec Masse critique de Babelio, on pouvait recevoir Paquets cadeaux créatifs de Ghyleen Descamps, je n'ai pas hésité une seconde !

Dans ce beau livre publié aux éditions Marie Claire, Ghylenn Descamps nous propose 30 réalisations réparties en plusieurs chapitres :
- les pliages de base : comment emballer une boite, un objet sans forme, un cylindre... de quoi bien commencer en réalisant un emballage simple, efficace et beau
- les paquets cadeaux : comment assortir les différents papiers, créer des guirlandes, réaliser des fleurs en papier, utiliser des étiquettes cadeaux (gabarits fournis !)... de quoi embellir et personnaliser tous vos paquets cadeaux grâces aux découpages, collages, pliages et autres techniques.
- les boites cadeaux : comment créer ou décorer des boites (lanterne, écrin, boite en forme de bonbon ou diamants...), de quoi apporter un plus en offrant un emballage qui pourra être conservé et réutilisé.
- les sacs cadeaux : comment fabriquer avec du papier des sacs (pour fleurs, bouteille...), de quoi proposer un emballage original et qui sait rester chic.
- les pochettes cadeaux : comment faire des pochettes cadeaux pour bijoux, bons cadeaux, bonbons... de quoi emballer joliment de petits cadeaux.

Beau programme non ? On dévore des yeux les créations de Ghylenn Descamps grâce aux belles photographies de Fabrice Besse qui mettent vraiment en valeur les réalisations. Si certaines semblent parfois un peu compliquées, elles sont toutes clairement expliquées, les gabarits sont fournis et cela donne vraiment envie de s'y mettre. Amoureux du papier et des DIY, si vous souhaitez vous démarquer et offrir des cadeaux qui feront fondre vos proches de bonheur à la simple vue de leur emballage, ce livre est fait pour vous !

Et pourquoi ne pas accompagner votre cadeau de la plus jolie des cartes en vous aidant de Cartes & faire-part de Ghylenn Descamps qui vient d'être publié toujours aux éditions Marie Claire. Moi, j'ai craqué :)

mardi 6 septembre 2016

La Rage de Zygmunt Miloszewski

Teodore Szacki est procureur à Olstyn, une petite ville polonaise réputée pour ses onze lacs, mais vraisemblablement pas pour son beau temps et sa chaleur. Après avoir vécu et travaillé à Varsovie, la différence est grande pour Szacki ! Il vit maintenant avec Zenia, sa compagne, et sa fille Hela, issue d'un premier mariage. Leurs relations sont un peu compliquées, autant dire que la vie à la maison n'est pas de tout repos ! Alors qu'au travail, c'est plutôt calme... jusqu'à la découverte d'un squelette que l'on croit être celui d'un Allemand oublié à la fin de la guerre. Une véritable enquête démarre pour Teodore Szacki, une enquête qui l'emmènera bien au-delà de ce qu'il pensait !
 
Le début de l'histoire est un peu lent, et l'intrigue longue à démarrer, mais petit à petit le suspense monte quand on découvre les différents éléments de l'histoire. Il y a parfois de longues descriptions mais on en apprend un peu sur l'histoire et la vie quotidienne en Pologne. Mais ce qui m'a le plus plu dans cette histoire, c'est le personnage de Teodore Szacki : un procureur intransigeant, intègre, qui ne perd pas son temps dans les bonnes manières et les discussions futiles. Pourtant, il est parfois envahi d'une certaine lassitude, voire de rage, devant sa hiérarchie, les lourdeurs administratives et parfois même envers ses compatriotes. C'est le premier roman de Zygmunt Miloszewski que je lis, mais il s'agit du troisième avec Teodore Szacki. Même s'il peut se lire indépendamment des premiers, j'ai bien envie d'en savoir plus sur ce personnage !

mardi 9 août 2016

[Livre audio] Titus n'aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai

C'est un roman qui commence par une banale rupture, la fin d'une histoire d'amour vue et revue : Bérénice aime Titus mais Titus ne veut pas quitter sa femme Roma et ses enfants. Bérénice se tourne alors vers le spécialiste du chagrin d'amour, l'auteur qui a écrit les plus belles tragédies d'amour non-réciproque : Jean Racine. Elle se plonge dans son œuvre, dans ses textes, lit et relit ses plus beaux vers et veut comprendre comment il a pu si justement parler d'amour. 

Alors on bascule dans l'histoire romancée de la vie de Racine. On y découvre Jean, orphelin, au monastère de Port-Royal, qui suit les cours des plus grands de son temps, Claude Lancelot, Antoine Lemaistre et surtout Jean Hamon, et qui reçoit une solide éducation littéraire et religieuse. On y découvre sa passion pour les langues, son talent pour les traductions du latin au français, son goût pour les textes anciens dits "subversifs", sa vivacité d'esprit qu'il utilisera plus tard dans les salons mondains et auprès du roi Louis XIV. Plus qu'une biographie d'un des plus grands dramaturges classiques, Titus n'aimait pas Bérénice est un roman sur la naissance et le développement d'un grand esprit, qui écrira si bien la passion amoureuse, au cœur du 17e siècle.

Nathalie Azoulai a une écriture fluide et limpide, qui porte à merveille l'histoire romancée de Racine. On se laisse emporter par la musique et la poésie de son style avec beaucoup de plaisir. Grâce à une opération Masse Critique Babelio et Audible, j'ai pu découvrir ce roman en livre audio. C'est ma première expérience de lecture audio car j'ai longtemps hésité à tester : comment écouter un livre audio ? En faisant autre chose ? En se concentrant uniquement sur le texte ? Pour ma part, il m'était difficile du suivre le fil du récit en faisant autre chose et écoutant sur ma tablette, la tentation d'aller lire mes mails/faire un tour sur Instragram/Pinterest/Internet était assez forte. Alors j'ai posé ma tablette à côté de moi et j'ai tricoté pour occuper mes mains. Et là, le texte lu par Elsa Lepoivre de la Comédie Française, s'écoule en toute tranquillité et rend justice aux mots de toute beauté de Nathalie Azoulai. Voilà une expérience fort intéressante que je ne manquerai pas de poursuivre un jour ou l'autre !

lundi 25 juillet 2016

L'héritière de Hanne-Vibeke Holst

Charlotte Damgaard ne s'y attendait pas du tout ! Prête à partir en Afrique avec ses deux enfants pour suivre son mari Thomas qui a obtenu un nouveau travail, elle reçoit un appel du Premier ministre danois qui lui propose de devenir ministre de l'écologie. Impossible de refuser cette opportunité pour Charlotte, alors présidente de l'association des Amis de la Nature. Plongée au cœur du gouvernement, elle y découvre les fondements de la politique, des alliés mais aussi des ennemis, et va devoir concilier son nouveau travail et sa vie familiale, mise en danger par les scandales médiatiques.

Charlotte Damgaard est une héroïne presque parfaite : elle est belle, jeune, dynamique, veut rendre le Danemark meilleur, mais elle ne connait pas encore tous les rouages de la politique et fait face à un front de conservateurs que ne voient pas d'un très bon œil cette femme, trop jeune et trop... femme. Alors Charlotte fait des erreurs, craque, se relève et cela la rend profondément humaine et attachante. Sans compter que le lecteur est aussi plongée dans vie familiale, avec Thomas qui se sent écarté et ses enfants délaissés. On ne peut qu'admirer cette héroïne forte et sensible, séductrice quand il faut et toujours intelligente. Nous ne sommes pas les seuls, car Charlotte Damgaard est populaire auprès des Danois, les électeurs, ce qui ne la rend pas, au contraire, populaire auprès des autres membres du gouvernement...

L'auteur nous plonge au cœur du gouvernement danois avec ses intrigues, ses coups bas, ses manigances, ses alliances fragiles... On y suit la vie d'une ministre, et le roman, très bien documenté, semble s'approcher au plus près de la réalité, avec en outre l'ajout de faits historiques (comme la mort de Carlo Giuliani à Gênes par exemple). Si vous aimez les séries politiques du type Borgen, ou encore House of Cards (bien que ce roman soit beaucoup moins cynique), vous trouverez dans L'héritière, un bon page-tuner, idéal pour les vacances d'été ! A enchainer avec sa suite, Le prétendant.

samedi 2 juillet 2016

Guide de survie avec un chat / Frédéric Pouhier et Susie Jouffa

Des livres sur les chats, il y en a des dizaines. J'en ai moi-même quelques-uns, car en tant que propriétaire esclave d'une terreur adorable minette, j'ai le désir l'obligation de me cultiver et d'en apprendre toujours plus sur les chats.

La particularité de ce livre est d'être composé exclusivement de listes : "80 listes pour vous faire miauler de plaisir", illustrées par le dessinateur Pacco. Il y en a pour tous les goûts, de l'historique "Petite histoire de la domestication des chats en 6 dates clés", à la loufoque "Les 11 supers-pouvoirs de votre chat" en passant par la littéraire "15 chats d'écrivains". On le sait, les listes sont à la mode et les deux auteurs, eux-mêmes propriétaires de chat, les utilisent à bon escient dans ce guide de survie qui se picore plutôt qu'il ne se lit d'une traite.

On apprend (un peu) des choses diverses et variées sur les chats, et surtout on rit beaucoup, car la plupart des listes sont truffées d'humour et aussi de grandes vérités sur les chats ! En effet, tout propriétaire d'un chat se reconnaitra et reconnaitra forcément le sien dans l'une ou l'autre des listes. Alors, on se retrouve bêtement à partager à voix haute avec son chat ce qu'on vient de découvrir et qui lui correspond parfaitement, et il nous jette son regard dédaigneux "Donne-moi à manger !"...

En bonus à la fin du livre : un quiz, la possibilité de faire ses propres listes et de l'espace pour mettre des photos de l'amour de notre vie ♥

Article relu et corrigé par Myrtille :

Pfff encore en train de me prendre en photo quand je dors...
 Merci aux éditions Leduc.s (Tut-Tut) et à Babelio !

dimanche 5 juin 2016

Electrochocs de Martine de Rabaudy

Electrochocs est un récit autobiographique de la journaliste et essayiste Martine de Rabaudy dont le thème principal est la psychose maniaco-dépressive dont souffrait sa mère, les conséquences sur leur relation et sur son enfance. Ce thème difficile est traité non seulement par son expérience personnelle mais également par des exemples tirés de la vie de grands noms du monde littéraire ou artistique (Virginia Woolf, Louis Althusser, Sylvia Plath...). Voilà une lecture intéressante et enrichissante pour quiconque s'intéresse de près ou de loin au sujet.

C'est aussi un récit qui ne peut qu'émouvoir, et parfois horrifier, son lecteur notamment avec les descriptions terribles des traitements subis par la mère de l'auteur, électrochocs et médicaments à outrance, faisant peu à peu disparaître sa personnalité. Et comment ne pas être également ému à la lecture de cette enfance paralysée par les changements d'humeur d'une mère malade et par un père incapable de protéger ses enfants ? Malgré tout, Martine de Rabaudy garde un certain recul et fait même preuve d'un humour étonnant, un humour noir, pour décrire des situations à la limite de l'intolérable. De plus, elle nous fait partager son expérience de journaliste au sein de grands journaux ou magazines, et ces digressions sont appréciables pour nous faire un peu sortir du côté sombre de son récit.

C'est la première fois que je lis un récit de Martine de Rabaudy et j'ai eu le plaisir de découvrir une écriture percutante, non dénuée d'humour, malgré le sujet difficile et intime.

vendredi 13 mai 2016

Autopsie d'un père de Pascale Kramer

Ania apprend le suicide de son père, Gabriel, par sa nouvelle femme, Clara. Ils ne se voyaient plus depuis longtemps et c'est à peine si elle était au courant du scandale qui aurait poussé Gabriel au suicide. En effet, ce dernier, journaliste et intellectuel de gauche a pris publiquement la défense de deux jeunes Français qui ont tué battu à mort un Comorien sans-papiers. En retournant dans la maison familiale, c'est l'occasion pour Ania de revenir sur ses relations avec son père.

Qu'est-ce qui a poussé Gabriel à agir de la sorte ? Comment les relations se sont-elles dégradées entre le père et la fille ? Voilà les questions que l'on se pose en commençant la lecture du roman de Pascale Kramer. Tout le roman est écrit du point de vue d'Ania, une jeune femme assez terne, mère d'un enfant sourd, séparée du père de l'enfant, qui porte un regard désabusé sur la vie qu'elle mène. Et cela se ressent aussi sur le lecteur ! C'est gris, c'est morose. Son père se suicide, sûrement à cause du scandale récent, on s'attend alors à une prise de conscience, une révolte contre ce père, peu présent dans son enfance et qui ne la considérait pas comme assez intéressante. Mais non, Ania est plutôt passéiste, elle se laisse porter par les évènements et ne semble parfois intéressée que par l'héritage qui devrait lui revenir. Où sont passées ses émotions ?? Ses relations avec son fils, sourd et refermé sur lui-même, ne sont pas simples non plus, mais là encore, rien n'est vraiment développé. Les personnages secondaires manquent, quant à eux, de profondeur pour être vraiment remarquables. C'est dommage, car j'ai apprécié la plume de Pascale Kramer, mais le contenu ne m'a pas convaincue.

Le résumé de quatrième de couverture était pourtant prometteur : "En auscultant une France sous tension et au bord de l’explosion, Pascale Kramer nous offre un puissant roman sur le basculement politique et le repli sur soi, qu’elle met en scène de manière intime et collective." Mais je n'ai retrouvé à aucun moment cette "France sous tension", même à la fin, où les choses s'agitent un peu, mais de manière tout à fait inattendue (ou mal amenée ?). Aucun débat de société sur le racisme ambiant, caché, qui s'infiltre dans la société même là où on ne l'attend pas. Méfions-nous des 4e de couverture trompeuses ! Cela n'engendre bien souvent que des déceptions.
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mercredi 20 avril 2016

L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante

Elena Greco grandit à Naples, à la fin des années 50, au cœur d'un quartier défavorisé où vivent plusieurs familles, plus ou moins pauvres, dans une sorte de proximité inévitable. Elle se lie d'amitié avec Lila, jeune fille du même âge, incroyablement brillante, avec qui elle joue et va à l'école. Les deux amies grandissent et changent petit à petit, aussi bien physiquement que psychologiquement. Alors qu'Elena a la possibilité de continuer ses études grâce à la persévérance de son enseignante, Lila devra aller travailler à la cordonnerie familiale, aux côtés de son père et son frère. D'année en année, on suit l'enfance et l'adolescence de ses deux héroïnes qui s'éloignent et se rapprochent sans cesse, avec en arrière-fond une Naples violente et pauvre.

On entend beaucoup parler de ce roman qui rencontre un beau succès et dont l'auteur intrigue beaucoup car Elena Ferrante est un pseudonyme utilisé par l'auteur qui souhaite rester secret. L'amie prodigieuse est le premier tome d'une série de romans, dont le quatrième a été publié en Italie en 2014. Le premier tome est consacré à l'enfance et l'adolescence des deux héroïnes italiennes dont on suit le destin. 

L'histoire est racontée par Elena Greco, à la première personne, ce qui nous plonge au cœur même de son histoire, dans laquelle elle évoque sa vie de famille, ses amis, ses études et surtout Lila. Elena est fascinée par son amie Lila, excellente en tout point, belle, intelligente, surdouée, et qui semble comme flotter au-dessus des autres et au-dessus de la misère et la violence de cette Naples des années 50. En grandissant, les deux amies s'éloignent un peu lorsque Elena a la possibilité de continuer ses études. Mais, Elena, entre admiration et envie, n'a de cesse de se comparer à Lila, ce qui joue un rôle moteur dans son apprentissage et qui la pousse toujours à aller plus loin pour dépasser Lila. Elena éprouve donc énormément de sentiments pour son amie Lila : adoration, attraction, mais aussi jalousie et rivalité. Et viennent alors les premiers émois amoureux, les garçons et les difficultés.

A travers le destin des deux héroïnes, et des familles qui les entourent et qui constituent ce microcosme qu'est le quartier où habitent Elena et Lila, on s'imagine très bien dans une Naples aux milles visages, à la fois belle et dure, sombre et violente et parfois lumineuse quand on atteint la mer... L'amie prodigieuse est un gros coup de cœur, tant par la qualité de l'écriture que par l'histoire dense racontée qui nous emportent loin...

mardi 12 avril 2016

Un souffle une ombre de Christian Carayon

Été 1980, quatre adolescents partent camper sur un îlot au milieu du lac de Basse-Misère dans le sud du Massif Central. Le lendemain matin, on retrouve trois cadavres et une survivante choquée et incapable de se souvenir du drame. 
Trente quatre ans plus tard, Marc-Édouard, le narrateur, à l'époque collégien marqué par le massacre et aujourd'hui professeur d'histoire à Toulouse, n'a jamais pu oublier Basse-Misère. Afin de plonger dans ses pires cauchemars, il entreprend de recommencer l'enquête, comme une thérapie pour exorciser ses peurs les plus profondes.

Marc-Édouard est un professeur d'histoire contemporaine qui a eu son moment de gloire lors de la publication de son ouvrage sur l'homosexualité et la guerre. Mais, les jalousies et convoitises du milieu universitaire l'ont rapidement fait passer au statut de professeur moqué et de second plan. Il n'a pas su se défendre face aux critiques car Marc-Édouard est quelqu'un de profondément angoissé, marqué par la peur depuis son adolescence. Je dois avouer que je ne me suis pas tout de suite attachée au personnage. Pour lui, l'origine de cette peur, c'est le massacre de Basse-Misère. Sur les conseils d'un thérapeute, il entreprend de raconter l'histoire de Basse-Misère et le lent mais inexorable déclin de la région touchée, autant que lui, par le drame. 

Le lecteur est totalement plongé dans la tête de Marc-Édouard et de son long travail introspectif sur son enfance, son travail, ses relations avec les autres. J'ai trouvé le début de ce roman assez lent et il m'a fallu du temps pour y entrer vraiment. Le narrateur entreprend un vrai travail d'historien ou de journaliste, à la recherche des sources, et son enquête fourmille de détails. Le massacre ayant lieu trente quatre ans plus tôt, ne vous attendez pas à un suspense de fou et à des fins de chapitre qui vous tiennent en haleine. Non, Un souffle une ombre n'est pas un thriller ordinaire, on a affaire à quelque chose de plus complexe, de plus profond, et le parallèle entre la vie de l'auteur et le drame de Basse-Misère m'a convaincue. Les derniers chapitres prennent quand même une tournure plus classique de thriller et la surprise est là et rondement bien menée par l'auteur.

jeudi 7 avril 2016

Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa

Il y a des périodes comme ça où il m'arrive d'être bloquée dans mes lectures et d'avoir l'impression de ne pas avancer. Je commence un livre et j'arrête en cours de route, j'en prends un autre, et c'est pareil. Et puis, soudain, un livre débloque tout, je le dévore d'un bout à l'autre et il me réconcilie enfin avec la lecture.

Cette fois-ci, ce livre-remède c'est : Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa.

Sentarô tient une échoppe de dorayaki, ces pâtisseries japonaises constituées d'une pâte de haricots rouges au milieu de deux pancakes. Il est arrivé là un peu par hasard, à sa sortie de prison, grâce au propriétaire de l'échoppe dont il est le débiteur. Il cuisine ses dorayaki sans conviction, utilisant une pâte industrielle toute faite et l'échoppe vivote sans succès particulier. Un jour, Tokue, une vieille dame aux mains déformées lui propose sa pâte de haricots rouges en espérant se faire embaucher dans l'échoppe. Sentarô refuse mais en goûtant la pâte, il découvre des arômes insoupçonnés et finit par accepter. La clientèle est conquise, le succès est au rendez-vous notamment auprès des jeunes lycéennes.
Mais Tokue cache un lourd secret qui une fois dévoilé, vient compromettre le succès de l'échoppe et bouleverser la vie de Sentarô.



Duran Sukegawa raconte le Japon actuel tel qu'on se l'imagine : les cerisiers en fleurs, les jeunes filles en uniforme, la chaleur estivale... Elle nous fait saliver avec cette pâte sucrée de haricots rouges, que Tokue fait cuire tout en lenteur pour préserver les arômes qu'on sentirait presque s'échapper des pages du roman. Elle décrit tout en finesse et en douceur une belle et émouvante relation qui se crée entre les trois protagonistes. L'apparition de Tokue dans la vie de Sentarô, et aussi celle de Wakana, une jeune lycéenne cliente de l'échoppe, bouleverse leur vision des choses. Sentarô retrouve enfin un sens à sa vie, le goût de vivre avec un but.

Je n'en dirai pas plus, car je n'ai pas envie de vous dévoiler le secret de Tokue qui se sait assez tôt et donne à l'histoire une touche dramatique mais aussi historique que je ne connaissais pas mais qui m'a beaucoup touché. Ce roman m'a donné très envie de découvrir l'adaptation cinématographique qui en a été faite par Naomi Kawase. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?

mercredi 23 mars 2016

Elle regarde passer les gens d'Anne-James Chaton

Elle regarde passer les gens nous fait voyager de la naissance du nouveau siècle jusqu'à la chute du Mur de Berlin, à travers le portrait de treize femmes qui ont marqué le 20e siècle. De Mata Hari à la princesse Diana, en passant par Camille Claudel, Virginia Woolf, Marilyn Monroe ou bien encore Janis Joplin, on prend plaisir à essayer de découvrir qui se cache derrière ce "Elle" anonyme utilisé tout le long du roman. On devine parfois très vite, ou bien une simple recherche Internet nous permet de découvrir grâce aux indices laissés par l'auteur de qui il s'agit, presque comme un jeu avec l'auteur. Le destin raconté de ces femmes emblématiques nous permet d'en apprendre plus sur elles, mais aussi sur les différentes époques qu'elles traversent et notamment sur l'évolution des conditions de vie des femmes dans la société.

Anne-James Chaton utilise un procédé littéraire assez particulier : un enchaînement presque sans fin de phrases courtes, qui commencent toutes par "Elle" et qui donnent au roman un rythme intense qui laisse parfois sans souffle et que j'imaginerais très bien en lecture publique par un comédien. En découvrant le roman, j'ai d'abord pensé que je finirais par être lassée par cette écriture, mais finalement, cela se lit plutôt bien par petites touches et avec plaisir.  

Elle regarde passer les gens, publié aux éditions Gallimard, est le premier roman prometteur d'Anne-James Chaton, auteur à suivre !

mercredi 9 mars 2016

Ce qu'il nous faut, c'est un mort d'Hervé Commère

La nuit de la victoire de la France à la Coupe du Monde 1998, trois garçons percutent avec leur voiture une jeune fille la laissant handicapée à vie. Un autre jeune homme rencontre l'amour de sa vie en boite de nuit, pendant qu'une jeune fille se fait violer chez elle. Des destins qui se nouent, qui se brisent et qui se retrouveront vingt ans plus tard, à Vrainville en Normandie, le berceau des usines de lingerie Cybelle, qui font vivre la petite ville en employant les femmes du coin, mais qui sont aujourd'hui menacées de fermeture et de délocalisation, dans l'indifférence totale.

Si vous vous attendez à un polar pur et dur, vous serez déçus ! Ce qu'il nous faut, c'est un mort est à la fois un roman au suspense bien mené et la formidable chronique d'une entreprise sur trois générations, de sa création à sa crise. J'ai tout de suite été emballée par cette histoire sociale ancrée dans la réalité d'aujourd'hui, par les idéaux de Gaston Lecourt, créateur et patron des ateliers Cybelle, et du lent mais inexorable délitement de son entreprise par son fils et petit-fils.

On suit également le destin de trois amis, qui s'éloignent et cherchent à se reconstruire, chacun à leur manière, après le terrible accident et leur fuite. Tous les personnages présents dans ce roman sont décrits et analysés avec beaucoup de détails sur le passé et leur présent et les relations entre eux sont brossées avec justesse. C'est ce qui fait la profondeur du roman et l'auteur s'attache à rendre ses personnages crédibles et attachants. Je vous le conseille vivement !

lundi 7 mars 2016

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Celeste Ng

En mai 1977, Lydia Lee est retrouvée morte, noyée au fond d'un lac, à seize ans. Sa famille est anéantie. S'agit-il d'un accident, d'un meurtre ou bien d'un suicide ? Tout ce qu'on se s'est jamais dit est l'histoire d'une famille, heureuse en apparence, qui va devoir plonger dans son passé et ses secrets afin de découvrir la vérité.

Résumé ainsi, on s'attend à un thriller, un roman à suspense, peut-être une sombre histoire d'enlèvement et de séquestration. Bien sûr, Tout ce qu'on ne s'est jamais dit est un roman au suspense impeccable du début à la fin. Mais, c'est aussi bien plus que cela : c'est aussi un roman social qui évoque la mécanique d'une famille hantée par ses racines et son origine au sein d'une époque, les années 60-70, et d'un pays, les États-Unis.
Marilyn, la mère de Lydia, voulait être médecin, malgré une époque et une mère qui ne comprenaient pas qu'on puisse être autre chose qu'une femme au foyer, mais a abandonné ses études à son mariage. James, le père, est le fils de Chinois qui ont émigré aux États-Unis, et qui a toute sa vie essayer de s'intégrer au maximum, en gommant son accent et en enseignant l'histoire des cow-boys à l'université, en vain car son physique rappelait toujours aux yeux des autres sa différence. C'est aussi ceux que ressentent leurs enfants, Nath l'aîné, Lydia et Hannah la petite dernière. 

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit est aussi un roman psychologique sur les émotions d'une adolescente qui porte sur elle tous les espoirs de ses parents. Marilyn reporte sur Lydia son désir insatisfait en la poussant à étudier dur et sans relâche les sciences dures. Quant à James, il souhaite plus que tout que sa fille s'intègre et soit populaire et entourée d'amis. Aucun des deux ne se rendent pas compte du fardeau qu'ils imposent à leur fille, jusqu'au terrible drame.
Voici ce que j'ai aimé dans ce roman : sa complexité, la profondeur des personnages et de leur histoire. On n'est pas seulement dans le roman à suspense mais au-delà. Il s'agit d'un roman envoûtant, le premier de Celeste Ng, qui ne laisse pas indifférent, qui fait réfléchir au poids du passé et de la famille sur le destin d'une adolescente ordinaire.

lundi 29 février 2016

Yesterday's gone [Tome 1] de Sean Platt et David Wright

Une nuit, à 2h15, la quasi totalité de la population mondiale disparaît. A leur réveil, ceux qui restent, et ils sont peu nombreux, constatent avec douleur la disparition de leurs proches et du monde qu'il connaissait. Yesterday's gone suit le quotidien de ces quelques rescapés qui tentent de survivre : Brent Foster, new-yorkais à la recherche de sa femme et sa fille, Charlie un jeune ado malmené par son beau-père, Luca un petit garçon aux étranges facultés, Boricio un tueur en série, et d'autres encore. Une poignée de gens divers et variés qui vont au devant de bien des aventures dans un monde nouveau où d'étranges phénomènes et terribles créatures font leur apparition.

Yesterday's gone est un exercice littéraire original et intriguant. Les auteurs ont voulu penser leur livre comme une série télé : six saisons de six épisodes, de nombreux personnages que l'on suit tour à tour, des rebondissements et cliffanghers à profusion. L'effet est réussi et la lecture devient addictive. Avec Yesterday's gone, on bascule dans un monde apocalyptique mêlant thriller et horreur. La narration, fluide et non dénuée d'humour, est donc efficace pour nous tenir en haleine avec ses rebondissements et ses intrigues variées. Mais, on se perd parfois entre tous les personnages dont on alterne les histoires, au point parfois de ne plus savoir qui est qui, et ce qu'il s'est passé quelques chapitres plus tôt. C'est l'inconvénient majeur de ce type de narration. Cela finira-t-il par devenir lassant à la longue ? Va-t-on devoir attendre comme dans une série télé le tout dernier épisode pour comprendre ce qu'il s'est passé ? En tout cas, cette lecture m'a donné l'envie de découvrir les autres épisodes de cette série phénomène, semble-t-il, aux États-Unis.

lundi 22 février 2016

Mes Kits Make It : la box créative (février 2016)



Depuis quelques mois, je m'intéresse aux loisirs créatifs et DIY en tout genre. Pas très douée de mes dix doigts, j'ai testé malgré tout pas mal de choses, en commençant par le tricot et le papier (découpages, kirigami, quilling, carterie...), puis d'autres matériaux (béton, pâte à modeler durcissante, la période de Noël étant très propice aux petites créations diverses et variées) et plus récemment, le crochet. Bref, je teste pas mal de choses avec plus ou moins de réussite, j'investis dans des livres et magazines bien sûr et surtout je varie les plaisirs en ne restant pas cantonnée à un seul type de loisir créatif.

C'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers Mes Kits Make It.  En effet, en faisant le tour des box créatives déjà sur le marché, je me suis aperçue que la plupart étaient des box spécialisées avec un seul type de création tous les mois : bijoux home made, couture, tricot... Avec Mes Kits Make It, c'est tous les mois une création unique selon un thème surprise. Abonnée depuis quelques mois, j'ai pu tester cette variété avec un bijou, un agenda customisé avec du simili cuir, une pochette en tissu à coudre et ce mois-ci, mon coup de cœur : un tableau en liège pour accrocher photos et souvenirs.

Dans chaque box, vous avez le matériel nécessaire pour créer l'objet du mois. 

En février, on a :
- 5 morceaux de liège adhésifs
- deux pots de peinture
- un pinceau
- des mini pinces en linge en bois
- des épingles
- le mode d'emploi en français et en anglais


Et voilà le résultat :

Vide...

... et rempli !
Je suis plutôt contente du résultat, j'avais justement besoin d'un support pour accrocher les photos prises avec mon Instax Mini 8 de Fujifilm tout nouveau. Côté matériel, tout était bon excepté les épingles, trop souples à mon goût. J'ai à peu près suivi les modèles proposés dans le mode d'emploi mais bien sûr, vous pouvez imaginez les motifs que vous souhaitez. Comptez une heure ou deux et vous aurez un tableau en liège personnalisé à agrémenter de vos photos, cartes et autres souvenirs.

Mes Kits Make It : abonnement mensuel à 13 euros (frais de port compris) ou box à l'unité (18 euros)

mercredi 17 février 2016

Patte de velours, oeil de lynx de Maria Ernestam

Sara et Björn, un couple de jeunes gens, s'installent à la campagne dans une belle maison qu'ils viennent de rénover. Tout semble idyllique au début : leurs voisins, Lars et Agneta, sont charmants et d'agréable compagnie et Sara s'attaque avec plaisir à la transformation de son jardin. Mais voilà, Alexander, le chat des voisins, défend son territoire avec vigueur et terrorise leur petite chatte Mishka. Les relations de voisinage se détériorent petit à petit, d'autant plus quand de sombres histoires anciennes sont révélées...

Oui j'avoue, j'ai craqué sur ce roman en premier lieu pour la couverture : n'est-il pas craquant ce chat tout mouillé ? Mais, j'avais aussi envie de découvrir un peu la littérature suédoise et le résumé de ce roman, qui promettait suspense et tension, me paraissait idéal.

Maria Ernestam décrit plutôt bien le côté obscur des relations de voisinage (curiosité, jalousie, voyeurisme...) avec un humour bien dosé et la tension monte au fur et à mesure de notre lecture. Mais, le roman retombe un peu comme un soufflé, si j'ose dire, car malheureusement, ce roman est très court, trop court ! Il manque de profondeur, et les quelques cent pages ne permettent pas à l'histoire, pourtant plutôt intéressante, de bien se développer. J'aurais aimé en savoir plus sur le passé des personnages, j'aurais aimé plus d'intrigue et de rebondissements. Tout se termine très vite et c'est bien dommage !

mardi 9 février 2016

Le principe de parcimonie de Mallock

Tout commence par le vol de la Joconde et sa destruction spectaculaire en direct devant des milliers d'internautes. L'auteur du crime est un étrange individu, qui se fait appeler Dr Ockham, tout entier revêtu de latex et affublé d'un énorme bec jaune qui lui masque le visage. Ockham s'en prend ensuite à des célébrités, politiques, avocats et personnalités de tout bord en leur coupant doigts, langue ou oreilles, selon des préceptes qui lui sont propres comme "Tu ne toucheras pas aux enfants avec des pensées sales". Ockham envoie ses bocaux remplis des membres coupés au commissaire Mallock, chargé de l'enquête. Au même moment, Paris est sous la pluie et s'apprête à vivre une des plus exceptionnelles crues de la Seine.

C'est la première fois que je lis une enquête du commissaire Mallock et pourtant, il s'agit de la cinquième "chronique barbare" de l'auteur, qui prend comme pseudonyme le nom de son personnage. Heureusement, on peut lire ses chroniques indépendamment les unes des autres, même si l'on perd ainsi la chronologie des personnages. Et quels personnages ! Au premier plan Mallock, décrit comme un ours, est un commissaire intelligent, complexe, au caractère bien trempé, qui choisit les meilleurs enquêteurs, génies de l'informatique, linguistes, scientifiques et autres talents pour intégrer son équipe qu'il dirige d'une main de fer. C'est un homme indépendant, qui n'aime pas la hiérarchie ni obéir aveuglément, et qui éprouverait presque de la sympathie pour Ockham jusqu'à que celui-ci fasse des victimes et s'en prenne même à son équipe... Respecté par toute son équipe, c'est un acharné prêt à tout pour découvrir qui est Ockham et quelles sont ses intentions.

Menée par un personnage aussi intéressant, l'enquête est riche en rebondissements et les crimes d'Ockham montent en puissance tout comme la Seine qui menace de déborder. La tension est donc bien là au fur et à mesure de notre lecture et il devient presque difficile de lâcher ce roman policier ! Voilà une belle découverte qui me donne envie de lire les quatre premières chroniques barbares et notamment, d'en savoir plus sur le passé de Mallock qui, d'après ce qu'il en est dit dans Le principe de parcimonie, semble particulièrement dramatique.

dimanche 31 janvier 2016

Gloire tardive d'Arthur Schnitzler

Edouard Saxberger est un vieil homme, fonctionnaire à Vienne, qui mène une vie tranquille et routinière. Un soir, Wolfang Meier, un jeune homme qui se dit poète, l'attend de pied ferme chez lui. Il vient de découvrir un recueil de poèmes, les Promenades, publié il y a bien longtemps et oublié depuis, dont l'auteur n'est autre que Saxberger. Totalement exalté par ce qu'il a lu, Meier invite Saxberger à se joindre à son groupe d'amis, artistes en tous genres, qui se réunit régulièrement dans un cercle de jeunes poètes appelé Exaltation. Adulé par les membres du cercle, Saxberger se prend rapidement au jeu et semble rajeunir et revivre. Mais, poète, il ne l'est plus depuis longtemps, et alors que le cercle décide d'organiser une soirée littéraire pour mettre en avant leurs écrits, Saxberger parviendra-t-il à composer une nouveau poème ?

Arthur Schnitzler est un auteur autrichien, fin 19e siècle, début 20e siècle, qui m'était totalement inconnu jusque-là. Je découvre cet auteur avec Gloire tardive, une nouvelle ou court roman inédit jusqu'à aujourd'hui. Dans Gloire tardive, Schintzler dépeint une société de jeunes artistes en herbe inconnus mais ambitieux. Il s'inspire directement de son expérience dans un cercle littéraire, la Jeune Vienne qui se réunissait au café Griensteidl au centre de Vienne. Autant dire tout de suite que l'image que dépeint Arthur Schnitzler n'est pas très flatteuse : les jeunes artistes du cercle Exaltation, poètes ou écrivains, pérorent plus qu'ils n'écrivent. Il y a aussi une comédienne,  Ludwiga Gasteiner, plus très jeune mais toujours extravagante, voire agaçante, toujours en quête du rôle qui la révèlera. Se voulant à l'écart des sentiers battus, ils peinent à se faire connaître. Seule la figure du vieil homme, Saxberger, est touchante : flatté et honoré, il se laisse facilement amadouer par ces jeunes gens qui lui offrent une gloire qu'il n'avait jamais eue. Voilà une réaction bien humaine ! Rapidement, il fait preuve de lucidité et comprend que jamais il ne retrouvera sa jeunesse et le temps lointain où il était poète en herbe. Ce n'est pourtant qu'à la fin qu'il reviendra à la raison, une fin douce-amère qui ne laisse pas indifférent.

J'ai toujours un peu peur avec les publications à titre posthume, les inédits retrouvés ou les œuvres tirés des fonds de tiroir ou du fond d'un disque dur, comme ce fut le cas avec Désaccords imparfaits de Jonathan Coe, une grosse déception. Certaines œuvres à mon avis ne sont pas publiées non sans raison. Avec Gloire tardive, le risque était moins grand car n'ayant jamais lu d'autres œuvres d'Arthur Schnitzler, je n'ai aucun élément de comparaison et ne peux donc dire si son talent est moindre ici. Ce que je peux dire, c'est que j'ai été agréablement surprise par la fluidité de l'écriture de l'auteur, et si le sujet traité ne me parait pas neuf ou original, il l'est fait de façon plaisante et bien menée.

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cette découverte.

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lundi 25 janvier 2016

Le Musée du silence de Yoko Ogawa

Dans un village un peu perdu, un jeune muséographe est chargé de construire un musée pour exposer une étrange collection : celle des objets volés aux défunts du village juste après leur mort. Employé par une vieille dame acariâtre qui vit dans un manoir près du village, il prend son nouveau travail très à cœur même lorsqu'il s'agit d'aller lui-même récupérer les objets après la mort des habitants. Rapidement, il se lie d'amitié avec le jardinier du manoir et la jeune fille qui s'occupe de la vieille dame. Mais, un attentat terroriste et des jeunes filles assassinées viennent ternir la nouvelle vie du muséographe.

Avec ce roman, Yoko Ogawa nous plonge dans une atmosphère feutrée et inquiétante, dans laquelle le grand et sombre manoir parait hanté et la vieille dame entourée de mystères. Un peu plus loin, on trouve un marécage troublant qu'il faut traverser pour rejoindre les moines qui revêtent la peau des bisons morts et font vœu de silence. On a alors l'impression d'être hors du temps et hors du monde réel : les personnages n'ont pas de nom et sont uniquement nommés par leurs fonctions, et même les événements les plus concrets - les meurtres et l'attentat - sont balayés d'un revers de main, comme négligeables. C'est assez troublant et je m'interroge encore sur le sens de ce roman qui manque parfois de rythme. Pourtant, on est comme envoûté par l'écriture de Yoko Ogawa, qui évoque, avec une pudeur typiquement japonaise, la mort, la disparition des êtres et la mémoire à travers les objets qu'ils laissent.

C'est le premier roman de Yoko Ogawa que je lis grâce à Amandine, ma partenaire du swap "Portrait chinois" et cela m'a donné de découvrir un peu plus cet univers particulier alors merci :)

samedi 16 janvier 2016

[BD] Réalités obliques de Clarke

La première impression qui m'est venue en recevant cette BD grâce à Masse critique de Babelio, c'est "quel bel objet !" : superbe couverture cartonnée, papier épais de qualité qui met en valeur les illustrations, design sobre et élégant. J'ai également tout de suite reconnu le trait caractéristique du dessinateur Clarke, auteur de Mélusine, une bande-dessinée qu'il m'est parfois arrivé de lire.

Ici, Clarke a choisi du noir et blanc pour illustrer avec talent une vingtaine de petites histoires en quatre fois quatre cases. Il n'y a donc pas d"histoire à proprement parler, les scènes qui s'enchaînent n'ayant pas de rapport entre elles. Mais, il y a bien un point commun qui les réunit dans cet ouvrage : c'est la réalité qui bascule étrangement dans le surnaturel ou l'absurde, une vision cauchemardesque et surréaliste à faire pâlir le lecteur.  

On y trouve pêle-mêle une femme qui ne vit qu'un jour sur deux, des ombres qui prennent vie, des enfants diaboliques, des hommes condamnés à revivre sans arrêt la même scène ou invisibles malgré eux... S'il est difficile de trouver une cohérence dans la construction de cette bande-dessinée, on enchaîne quand même à toute vitesse ces différentes histoires, qui font réfléchir notamment sur la solitude des êtres. Avec cet univers sombre, on est bien loin de la BD humoristique Mélusine, même si on retrouve le personnage éponyme dans une des petites histoires de Réalités obliques. Clarke nous montre ainsi sa capacité à sortir de son univers habituel, et c'est réussi !

Merci aux éditions Le Lombard et à Babelio pour cette découverte intéressante.


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jeudi 7 janvier 2016

Miniaturiste de Jessie Burton

A 18 ans, Nella Oortman quitte son village pour se marier avec Johannes Brandt. Une belle aubaine pour cette jeune fille car Johannes est un riche et respecté marchand d'Amsterdam. Mais, Nella déchante rapidement : sa belle-sœur Marin lui réserve un accueil froid ; son mari, qu'elle ne voit que très peu, s'avère distant bien que gentil et sa servante Cornelia a la langue bien pendue. Nella ne trouve du réconfort que dans la maison de poupées que lui a offerte Johannes comme cadeau de mariage : une magnifique maison qu'elle va s'empresser de décorer de meubles confectionnés par une étrange et secrète miniaturiste d'Amsterdam.

Miniaturiste est un roman entre deux genres, historique et fantastique à la fois. Jessie Burton a fait un travail formidable en restituant l'ambiance d'Amsterdam, puissante ville commerciale à la fin du 17e siècle, dont j'ai découvert avec beaucoup d'intérêt une partie de l'histoire. Avec Nella, on découvre les quartiers de la ville, le canal, les odeurs, les mœurs et coutumes et les guildes commerciales dont l'importance influe énormément sur la vie des habitants. C'est aussi une critique féroce de la société de l'époque, hypocrite et puritaine, reléguant les femmes à l'arrière-plan. Ici, les héroïnes, Nella, Marin et Cornelia sont toutes trois des femmes fortes à leur manière et Jessie Burton en dresse un portrait convaincant et attachant.

D'un autre côté, le roman se fait aussi conte fantastique : une grande maison à l'atmosphère oppressante, des chuchotements la nuit, des secrets qui se dévoilent au fur et à mesure, entretenant le suspense pour le lecteur. Et puis surtout, il y a cette miniaturiste mystérieuse et talentueuse qui connaît bien des choses sur la famille Brandt et qui semble vouloir, telle une prophétesse, prévenir et protéger Nella des dangers à venir...

Quelle belle découverte ! Avec son premier roman passionnant, Jessie Burton a frappé fort et devient incontestablement une auteur à suivre !

mercredi 6 janvier 2016

Le petit copain de Donna Tart

Harriet a douze ans et grandit dans l'ombre d'un frère assassiné alors qu'elle n'était qu'un bébé. Son père est parti vivre ailleurs, sa mère est anéantie et abrutie par les médicaments qu'elle prend, sa sœur se réfugie dans le sommeil dès qu'elle le peut. Restent sa grand-mère, Eddie, et ses trois tantes, adorables vieilles femmes. Harriet se met en tête de retrouver l'assassin de son frère, avec l'aide de son fidèle ami Hely, sans savoir sur quel dangereux chemin leur quête va les mener...

J'avais adoré Le Maitre des illusions de Donna Tart, mais j'avais aussi abandonné, au bout de quelques 300 pages, Le Chardonneret malgré les nombreuses critiques élogieuses et le succès du roman. C'est donc avec une légère hésitation que j'ai décidé de lire Le petit copain, en me demandant ce qu'il allait en être cette fois-ci : coup de cœur ou déception ? 

Cette fois-ci, c'est un gros coup de cœur pour ce roman qui nous plonge dans l'Amérique profonde et pas très reluisante, à travers le regard lucide d'une jeune fille de douze ans, une Amérique parfois hypocrite, raciste, violente et dure, qui nous emplit d'un sentiment profond d'injustice. Malgré quelques digressions, Donna Tart réussit un coup de maitre en nous emportant du début à la fin dans l'été d'Harriet qui bouleversa sa vie en la faisant quitter définitivement le monde de l'enfance pour celui des adultes, menaçant et impitoyable. Tous les personnages du roman sont décrits en profondeur et on ne peut s'empêcher d'éprouver pour eux des sentiments parfois contradictoires. Ce roman, que je vous conseille vivement, ne vous laissera pas indifférent !

lundi 4 janvier 2016

Bonne année 2016 !


Je vous souhaite à tous une très belle année 2016 et beaucoup de bonheur ! Qu'elle soit pleine de belles lectures, de superbes découvertes, de voyages, de plaisir et d’inoubliables instants !

L'heure a sonné de faire un court bilan sur cette année 2015 qui vient de se terminer.

Côté lectures, trois romans lus en 2015 sortent un peu du lot et j'ai envie de vous les faire partager à nouveau : 



Bone season de Samantha Shannon : pour les amateurs de fantasy, un roman passionnant et impossible à lâcher. Malheureusement, la traduction française du tome 2 est prévu pour le 4 janvier 2017, un an pile poil, c'est vraiment trop long !




Amours de Léonor de Récondo : un magnifique roman sur l'amour entre deux femmes, et leur vie dans la société française au début du 20e siècle. Encore une fois, Léonor de Récondo m'avait séduite avec sa belle écriture !






La Terre qui penche de Carole Martinez : lu en fin d'année, ce roman a été un coup de cœur, et j'ai eu plaisir à retrouver le Moyen-Âge merveilleux de Carole Martinez.







Côté séries TV, je me suis régalée avec UnReal et j'ai frissonné avec Fortitude.

Enfin, côté perso, 2015 a été une année marquante, parfois dure et inimaginable, mais aussi une belle année avec le début de la vie à deux, le permis, la réussite d'un concours, de nouvelles rencontres, l'exposition universelle à Milan et des séjours en Normandie et dans les Alpes. Je me suis également un peu lancée dans les loisirs créatifs, il y a tellement techniques à découvrir, et je me régale ! Pourvu que 2016 soit aussi bien ou même mieux !

Encore une belle année à vous, profitez-bien !